Michel le dit d'une voix claire : «Je ne sais pas ce que c'est que l'amour». Il ne s'étendra pas sur son enfance, détournera les yeux une fois ou deux. Entre pudeur et chagrin. Parce qu'on n'oublie rien. De ces blessures encore vives, Michel a forgé un goût immodéré pour l'indépendance, ou plutôt un refus exacerbé pour les contraintes.
«Je n'en ai jamais voulu à la société, affirme-t-il, j'ai toujours su que j'étais seul responsable de mes conneries !».
Alors ce sera d'incessants allers-retours entre la «grande vie», financée par ses délits, et la prison – où Michel paie ses dettes, s'acquitte de son tribut sans révolte. Une vie qui part en fumée. Ce n'est pas une existence que l'on vit, mais que l'on joue. Risques, frissons, adrénaline, coups de dés. A ces jeux-là, les hommes perdent toujours. Ainsi, Michel est tombé pour de bon. Ou plutôt, il est resté suspendu entre deux mondes, deux réalités, deux vies. Quelques minutes suffisent, à la barre d'un tribunal... «C'est Lydia qui est venue me sauver», dit-il.