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Deuxième chance et premier succès

Chaque matin, elle vient de loin. Jésua Borderan arrive de Bagneux, de l'autre côté de la banlieue pour venir à l'Ecole de la Deuxième Chance, située à Clichy. Près de deux heures de trajet, et un sourire intact lorsqu'elle se présente. En réalité, Jésua arrive de beaucoup plus loin. Ou plutôt se sort enfin d'une scolarité bousculée et chaotique...

 

« J'étais en seconde générale, option Economique et Sociale, mais j'ai arrêté en cours d'année... » Jésua ne rencontrait pourtant pas de difficultés scolaires. Elle était même une bonne élève. « Je sais écouter, et cela m'intéressait. Mais j'avais un problème de confiance en moi. » On ne croirait pas, à la regarder. Visage ouvert et franc, sourire lumineux, regard plein de vie. « J'ai tendance à me dénigrer, à me dire que je n'y arriverai pas. Alors je rentre dans une spirale négative et je fais mal... ».

 

Ainsi, elle multiplie les allers retours entre le collège et la vie active. « J'ai toujours voulu travailler ! », dit-elle. Elle travaillera dans un fast-food pendant quelques mois. Puis reprendra un cursus scolaire classique : en Première bac pro Comptabilité-Gestion-Secrétariat. Lycée Privé Morin, à Créteil. Bagneux-Créteil... Un long chemin, déjà... « De mon côté, j'avais des projets d'avenir : je pensais me diriger vers les métiers liés à la petite enfance. Ou à l'esthétique ! Ma mère me soutenait –elle m'a toujours soutenue ! » Les résultats suivent. 16, 18 sur vingt. Et puis, à nouveau, la voici rongée par le manque de confiance.

 

Jésua devient un « élément perturbateur ». Trop de bavardages, trop de caractère peut-être aussi. Elle arrête à la fin du premier trimestre. « La compta, c'était pas pour moi ! », affirme-t-elle, laconique. Six mois de petits boulots, de baby-sittings, Jésua reste en activité.

 

Grâce au proviseur du Lycée Morin, elle se dirige vers l'Ecole de la Deuxième Chance.
c'est comme une entrée dans la vraie vie. « Ici, j'ai compris que je devais faire les choses pour moi. Pas pour faire plaisir à ma mère. L'E2C m'ouvre une porte sur la réalité. Bien sûr que j'ai peur de l'avenir... Si je sors sans rien... » Elle marque un silence. « Mais je ne pense pas que je n'aurai rien ! » Car Jésua est avant toute chose une battante. « Un fort caractère, ainsi se définit-elle, comme Cathie... ».

 

Cathie ? Cathie est le référent de Jésua, une tutrice qui l'accompagne tout au long de sa scolarité. C'est l'une des particularités de l'E2C –cet accompagnement, ce suivi individuel personnalisés d'adolescents qui ont besoin d'attention, et d'un cadre aussi. « C'est bien, dit Jésua, car cela reste extérieur à la famille, c'est sans affect. Cathie, je la sens derrière moi. Nous avons une vraie relation de confiance. Elle est ma référente, mais je sais que je peux aller lui parler d'autres choses si je rencontre une difficulté dans ma vie personnelle ».

 

Jésua est lancée, enthousiaste : « Ce que j'aime ici, c'est qu'on est à la fois autonome et suivi. C'est la liberté, mais avec un cadre ! ».

 

Jésua a 21 ans et de l'ambition : « Je veux être responsable de magasin dans la distribution ». Elle prend la mesure du chemin qui reste à parcourir, et de ce qu'elle a déjà accompli : « J'ai perdu du temps, oui, mais j'ai gagné en expérience aussi. J'ai appris de mes erreurs. Arrêter/Reprendre, etc... Je suis plus constante à présent. J'ai davantage confiance en moi. Je me suis endurcie. Ma mère est fière de moi... et Cathie est contente »

 

L'avenir ? Un premier contrat professionnel, en tant que vendeuse en février. « Puis devenir responsable ». Jésua y parviendra, sans aucun doute. De cette seconde chance acquise à l'Ecole, elle fera sa chance personnelle. Car elle possède ces qualités rares : le courage et la détermination.

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Photos © Julien Paquin