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Jour de marché

 

Épaulée par la Fondation Monoprix, la Croix Rouge propose une première Epicerie Sociale à Paris. Récit d'une journée d'échange et de rencontres...

Il est tôt ce matin. L'automne est déjà là. Au magasin Monoprix Beaugrenelle, hommes et femmes s'affairent depuis longtemps. Dans les allées, certains produits sont ordonnés dans des glacières réfrigérées, afin de respecter scrupuleusement la chaine du froid.

 

C'est le picking, lorsque dans les rayons du magasin, les employés bénévoles collectent les produits destinés à rejoindre l'Epicerie Sociale de la Croix Rouge. Ils les placent dans ces glacières réfrigérées, consignées, numérotées, sur le même charriot que celui destiné aux sorties de stocks.

Ce n'est en rien une charge de travail en plus pour les collaborateurs de Monoprix. Mais le geste est effectué en conscience, avec plaisir même. C'est le canal d'acheminement des marchandises qui diffère, rien de plus. Nicolas Yon, 39 ans, chef boucher, deux ans de maison, se charge des produits de son rayon et les range dans sa glacière réfrigérée.

 

Guylaine Barbin, 27 ans de maison, responsable de la crèmerie, agit de même. Ainsi que Didier Visage, 47 ans dont 12 de maison, et responsable du libre service.

 
  • Picking au rayon Crémerie
    L'un des plus gros donateurs
  • Guylaine Barbin
    Responsable Crémerie
  • Nicolas Yon
    Le Chef boucher se charge du picking de la viande pour l'Épicerie Sociale
  • Stéphane Bonnaire
    Chef de réception
  • Alain Guillet
    Directeur du magasin
  • L'ÉTAPE
    L'épicerie sociale du 15ème arrondissement de Paris
  • Déchargement de la Ramasse
  • Les bénévoles rentrent en stock les produits
  • Monsieur Foulon
    Bénéficiaire de l'ÉTAPE
  • Pascale Le Roux & Laurence Bruneton
    Dirigeantes de l'ÉTAPE
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Plats cuisinés, poulets, crèmerie, d'autres encore, sont ensuite acheminés vers une chambre froide maintenue à 4°. Stéphane Bonnaire, 29 ans de maison, visage fin, cheveux courts, lunettes cerclées, est chef de réception. C'est lui qui reçoit toute la marchandise dont le magasin a besoin chaque jour. Dans le même temps, il s'occupe pour la Fondation Monoprix de la répartition des dons. Veille à ce que le tampon de la Croix Rouge soit appliqué sur les bordereaux de prise en charge par l'Epicerie Sociale.

 

Guylaine Barbin, jolie femme déterminée, responsable de la crèmerie, affirme dans un sourire : « C'est une bonne décision ! Personnellement, quand je peux, je donne, mais là, cela rajoute une valeur à mon travail. Cela me tient à cœur. Cela profite à quelqu'un. Nous donnons de la nourriture, de la nourriture fraiche, et j'en suis fière et contente »

 

Enfin, le véhicule de la Croix Rouge s'éloigne, le chargement effectué. Direction : L'Etape.

Monsieur Foulon n'a pas d'âge. Une barbe grisonnante, des yeux vifs et bleus derrière ses lunettes. Une veste, un pull, une chemise, il s'est fait élégant. Il a l'air enjoué lorsqu'il se promène entre les rayons de L'Etape, l'épicerie sociale de la Croix Rouge à Paris. Il interpelle les bénévoles, tente avec succès quelques plaisanteries, marque une station à l'accueil, envisage avec acuité la situation. L'espace est clair, refait de neuf. Chaleureux et convivial. Une épicerie sociale, oui, mais un vrai lieu de rencontre et d‘échange, ouvert en mars 2012.

 

Des enfants jouent dans les rayons, leur mère font les courses. Parfois, c'est un père, il cherche une boite de lait en poudre. Chez les jeunes femmes, on remarque qu'elles ont rassemblé toute leur énergie. Mais elles sont là, légèrement maquillées, coquettes même. Elles tiennent le cap. Et même elles sourient, de cet étrange sourire qu'ont celles que la vie a blessé. Cette force-là… Cette dignité. Elles sont au cœur de la vie. Elles se confient. Un véritable esprit de solidarité règne ici. Il est palpable.

 

Monsieur Foulon, lui, a travaillé pendant 44 ans dans le bâtiment. «Cela me plaisait énormément, dit-il, j'aimais me lever de bonne heure.» Aujourd'hui, il ne peut plus à la fois s'acquitter de son loyer et se nourrir. Alors il vient ici. « La première fois, cela a été difficile de passer la porte, j'avais honte… A présent, j'ai du plaisir à être là. Je viens une fois ou deux par semaine. Pour discuter ! ». Mr Foulon est le premier client de l'Epicerie. Sa « mascotte » comme le disent les deux responsables de L'Etape.

 

Pascale Le Roux et Laurence Bruneton ont développé et dirigent à présent l'Epicerie Sociale de la Croix Rouge avec bonne humeur. Elles s'affairent à la bonne marche de la journée d'accueil des clients. En effet, L'Etape n'ouvre que deux fois par semaine. Les bénéficiaires, désignés par les services sociaux de la mairie du XVème arrondissement, peuvent venir y faire leurs courses pour eux et leur famille. La durée de cette assistance varie de un à six mois. Ils trouvent ici des produits frais, des produits secs, des fruits et des légumes, mais aussi des produits d'entretiens, des couches, des protections féminines, des sodas, de l'eau minérale… Tous respectant les dates de fraicheurs et de péremption légales.

Ce ne sont pas de rebuts, des inconsommables. Mais tout ce dont a besoin une famille pour se nourrir et prendre soin d'elle. Un panier équilibré. Ces produits sont payants, il ne s'agit pas de dons alimentaire. Une faible participation financière est demandée : environ 20% du prix d'un produit en rayon. C'est un effort tout de même. Mais surtout, la certitude d'être considéré ainsi comme un client à part entière.

 

« Le projet de L'Etape, c'est aider les bénéficiaires à se tirer d'une mauvaise passe. Femmes abandonnées avec enfants, petits retraités, personnes qui reviennent à l'emploi, etc… L'Etape : c'est un étrier », comme l'affirment Pascale Le Roux et Laurence Bruneton, « Elle aide à remonter à cheval, à gravir la pente. A retrouver sa place dans la vie, dans la ville. Dignement ».

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Photos © Julien Paquin